lundi 5 novembre 2012

Ma critique de FRANKENWEENIE



Frankenweenie, le nouveau long-métrage animé en stop-motion de Tim Burton est sur les écrans depuis mercredi dernier.
L'histoire de ce petit garçon solitaire et féru de sciences qui fait revivre son chien récemment décédé est a priori aussi émouvante que dérangeante, à l'image de l'oeuvre accomplie à ce jour par celui que beaucoup considère comme un génie.
 Il faut savoir que Frankenweenie est une version longue de son court-métrage réalisé en 1984 en prises de vue réelle que Burton aurait préféré à l'époque animer.
Cependant, le court-métrage est une vraie pépite qui installait tous les thèmes chers à Burton, tant au niveau visuel que narratif (la différence, la mort, la bêtise des habitants de banlieues américaines, l'intolérance, les films d'horreur des années 30, Vincent Price, etc...).
Et bien que le long-métrage présenté aujourd'hui suive la même trame et ne s'écarte que très peu de son prédécesseur, j'ai pourtant ressenti de la déception une fois les mots "the end" inscrits sur l'écran.
 Je peux comprendre que Tim Burton ait pu réaliser son rêve d'autrefois en permettant à son histoire d'être animée et de voir ses thèmes si chers être développés un peu + en profondeur, mais pour le coup, je trouve que c'est raté !
Toute la naïveté et la poésie qui étaient présentes dans le court est ici évaporée.
 Bien sûr, difficile de bouder son plaisir devant la maîtrise visuelle du film offrant une palette en noir et blanc assez gonflée pour notre époque saturée de milles couleurs, avec un sens de la mise en scène, du cadrage, de la photo et de la lumière absolument magnifiques et soignées.
Pourtant, on ressent une impression de vide, d'inachevé quand entre-temps on a vu le Aardam "Les Pirates ! Bons à rien, Mauvais en tout" et le tout récent "Paranorman" de chez Laïka.
Puis il y a la question du design des personnages : déjà vu!!!
Bien sûr, c'est du Tim Burton et son style est bien présent et reconnaissable, c'est le sien et c'est comme çà et j'avoue l'adorer à la base! Mais là, Victor est trop la doublure du Victor (décidément!) des "(les) Noces Funèbres" mais en version enfant, sans parler des silhouettes des personnages gravitant autour de lui, vues et revues maintes fois dans l'oeuvre de Tim Burton.
Celà pourrait ne pas me déranger, mais quand on découvre la richesse et l'étendue de son art dans l'exposition qui lui était consacrée il y a quelques mois, on peut se demander pourquoi d'autres pistes graphiques n'ont pas été explorées...
 Mais à mes yeux, la déception vient davantage du traitement de l'histoire et du remake du court-métrage d'origine.
Je ne saurais trop définir la raison, mais il n'y a pas vraiment de scénario et l'émotion peine à émerger de cette compilation bordélique de références au cinéma d'horreur et au propre univers du réalisateur qui tourne en rond, tuant ainsi la possibilité de rentrer dans son délire peu moral.
 Car là où la fin du court-métrage ne m'a jamais dérangé, ici elle me gêne considérablement, et pourtant, c'est la même à peu de choses prêt.

Attention aux SPOILERS qui suivent ci-dessous pour ceux qui n'ont pas vu le film et qui ne veulent pas savoir ce qui se passe !!!!



 Quel est le vrai sujet? On a l'impression qu'on peut jouer impunément avec la mort : allez hop un coup d'électricité pour faire revivre sa bêbête par ci, et hop un p"tit coup d'électricité pour la retuer par là, super facile! Bon ,pourquoi pas...
En fait, sur le papier, je trouvais l'idée plutôt bonne que les camarades de classe de Victor utilisent aussi ce moyen en l'adaptant à leurs propres animaux décédés, mais çà devient une espèce de foire inutile au milieu du film, et surtout n'aide jamais à avoir une quelconque empathie pour ces enfants débiles, intéressés et égoïstes, que l'on ne revoit d'ailleurs plus dans le dénouement du film ( où sont-ils donc passés?)!!
 Aucune leçon à tirer pour eux donc!
 Victor semble finalement aussi égoïste que ses copains et je pense que le pauvre Sparky aurait du mourir pour de bon au final.
 Sa voisine Elsa ne sert à rien hélas! Quel potentiel gâché pour cet ersatz de Sally qui semble être la seule dans cette ville à ressentir de la vraie compassion. Son oncle de maire semblait représenter une vraie menace pour elle mais il n'en est rien et ni l'un ni l'autre n'apportent quelque chose de bien intéressant à cette histoire décousue.
 Les élèves sont laids dans l'ensemble et leur méchanceté n'est même pas contre-balancée par un humour noir qui aurait pu être bienvenu.
 Seule la fille bizarre tire son épingle du jeu : chaque scène où elle apparaît est une pépite! Mais elle est également sacrifiée, tout comme son pauvre chat dont je trouve le sort final particulièrement cruel et injuste, alors que le long-métrage aurait justement pu apporter une dimension émotionnelle supplémentaire et plus tangible si Sparky avait souhaité sa rédemption et qu'on le fasse revivre lui aussi !!!
 En bref, il se peut fort que le fait de connaître le court-métrage original, ainsi que l'oeuvre en général de Tim Burton, m'aît empêché de voir ce film avec des yeux vierges et objectifs.
 La déception que beaucoup ont éprouvée lors des derniers films de Tim Burton est celle que je ressens aujourd'hui hélas.
 Subsistent de petits moments de grâce évidemment, mais trop rares pour ressortir de la salle complètement chamboulé et touché par cette histoire d'animal de compagnie à qui on ne peut se résoudre à dire adieu quand il nous quitte et qui aurait dû, me connaissant, me briser le coeur.
Il n'en fût rien, dommage...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut David, franchement je comprends ta déception même si je n'ai pas ressenti exactement la même chose, j'ai aussi vu le court que j'ai adoré, Barret Oliver tient son rôle à merveille mais bon il faut bien penser que passer d'un court métrage à un long métrage avec la même histoire il allait falloir broder un max autour, je suis d'accord avec toi au sujet des enfants, pas de punitions pour avoir ramené à la vie leurs animaux de compagnie ce n'est pas vraiment normal mais où se situe la normalité dans un film où comme tu le dis on fait revivre des animaux à coups d'électricité ;-)

Merci pour ton dessin de Weird Girl que j'ai adoré et même si le destin de Mr. Whiskers est tragique il faut espérer que comme tous les chats il a neuf vies :)
J'avoue que j'avais très hâte de le voir avant Halloween et en Belgique le film est sorti le 17 octobre car ma compagne incarnait Victor cette année donc mon jugement au niveau du visuel est un peu faussé ^^

J'espère que tu passeras un jour en Belgique, j'ai hâte de te rencontrer en vrai pour te féliciter pour tes dessins, c'est vraiment du caviar, bien à toi, kris.

Diane a dit…

Belle critique. Très juste.
Je n'ai pas vu le court métrage et j'ai pourtant les mêmes réserves et la même déception face au film d'animation.
Tim Burton tourne en rond et ne nous surprend plus (je me suis même endormie un moment tellement l'intrigue était peu prenante). Mais mes enfants ont bien aimé.
Et encore bravo pour ce magnifique blog!!!

veu a dit…

Très belle critique cher ami David.
Nous pensons que Frankenweenie est un film pour un public un peu recherché avec le style en noir et blanc et une histoire un peu sombre...

Mab Alouette a dit…

Je n'ai rien à dire de plus, la critique est parfaite, je connaissais également le court-métrage en question et j'ai été très déçue par cette version plus longue et finalement ennuyeuse.